jeudi 16 décembre 2021

Langues artificielles: séries TV et philosophie

 


Pourquoi se lancer dans l’entreprise folle de créer une langue de toute pièce ? Cet étrange passe-temps peut avoir des motivations philosophiques, voire politiques (comme ce fut le cas avec l’espéranto)… mais depuis l’avènement de la fantasy, des jeux de rôles, ce peut être aussi une pure activité ludique. Récemment, avec le succès de films et séries télévisées comme Game of Thrones ou Premier Contact, c’est même devenu un job assez lucratif !

David Peterson (@dedalvs, Wikipédia) est l’une des figures les plus en vue de cette communauté de créateurs de « conlangs », (pour constructed languages) comme on les appelle. Il est le créateur du Dothraki et du Haut Valyrien pour Game of Thrones (signalons que Le Dothraki facile, guide de conversation, vient de paraître en français). Dans son livre The art of language invention, il donne les clés de son travail, mais se penche également, dès l’introduction, sur l’histoire de la communauté des « conlangers » et notamment sur le rôle d’internet dans sa genèse.

Le rôle des communautés en ligne

Bien entendu, J.R.R Tolkien, l’inventeur du conlang moderne, vivait bien avant la naissance du Réseau. Mais son travail restait peu connu et marginal. Outre Tolkien, il existe quelques autres exemples de conlangs élaborés lors des années pré-internet comme le klingon, créé au début des années 80 par le linguiste Marc Okrand dans le cadre du film Star Trek 3 : à la recherche de Spock. Mais jusqu’à récemment, la plupart des oeuvres de fantasy ou de SF se contentaient d’aligner des borborygmes sans structure et les faire passer pour un langage. Peterson cite à ce sujet l’exemple du dialogue entre Leia et Jabba dans le retour du Jedi : »Yaté. Yaté. Yotó », ce qui signifie, selon les sous-titres : « Je suis venue pour la prime sur ce wookie ». Ce à quoi Jabba lui répond qu’il sera prêt à lui en donner 25000 unités. Leia lui répond alors : « Yotó, Yotó », soit à peu près la même chose que précédemment, mais cette fois pour lui signifier « 50 000, pas moins« . Et la conversation de se continuer à coup de Yaté, yotó…

Les choses commencent à évoluer vers 1974, avec la série Land of the lost et la création d’une langue originale, le paku, imaginé par une linguiste de l’UCLA, Victoria Fromkin, qui devint ainsi la première « conlangueuse » rémunérée pour ce travail !

Mais c’est l’internet qui allait donner le coup d’envoi à l’essor du conlang : en 1991 la première mailing-list Conlang listserv, est mise en place pour réunir des adeptes qui se sont rencontrés auparavant sur Usenet. Comme l’explique Peterson : « Bien que les membres de la liste originale ne l’aient probablement pas réalisé à l’époque, la fondation de Conlang Listserv (…) a été un événement important dans l’histoire de la création de langage (…). Il n’y avait jamais eu auparavant dans l’histoire un lieu où des créateurs de langues pouvaient discuter de leurs stratégies. Pour la première fois, ceux-ci pouvaient comparer leur travail à autre chose que les langues de Tolkien ou l’espéranto et ses nombreux imitateurs. »

Pour la nouvelle génération de conlangers, dont Peterson faisait partie, cette nouvelle communauté changea complètement la nature de l’activité de création. Jusqu’à la naissance de la mailing-list, en effet, chacun travaillait dans son coin en ignorant totalement le travail des autres.

« Imaginez : quel artiste ne regarde jamais que ses propres peintures ? Quel musicien n’écoute jamais que la musique qu’il a composée ? Pourtant, c’était précisément ce que faisaient les conlangers avant 1991. Certains avaient entendu parler de l’espéranto, de Tolkien ou du klingon, mais une majorité croyait être les premiers à créer une langue. Par exemple, je pensais être le premier à imaginer une langue à des fins autres que la communication internationale – et c’était en 2000″.


Attention aux erreurs !

Si le Réseau a contribué à l’essor de la création de conlangs, Peterson insiste aussi sur un autre rôle joué par les réseaux sociaux : la montée de l’exigence du public. Pourquoi en effet se payer le luxe de créer des dialectes sophistiqués pour les employer dans des séries comme Game of Thrones ? Ça coûte du temps et de l’argent, et après tout Leia s’en sortait très bien avec ses yaté yotó, non ?

Le plus drôle c’est que même les commanditaires semblent avoir du mal à comprendre l’importance de la tâche, ainsi que le raconte Peterson à propos d’une séquence de Game of Thrones. En effet, lors du premier épisode de la série, lorsqu’est prononcée la première phrase en Dothraki, Peterson a constaté une terrible erreur ! Alors que le personnage aurait dû dire « Athchomar chomakea », c’est-à-dire « bienvenue » adressé à plusieurs personnes, il a dit : « Athchomar chomakaan », c’est-à-dire « bienvenue » si on s’adresse à une seule personne. Devant la mine déconfite de Peterson, David Beniof, l’un des deux showrunners de la série le consola en lui disant : « si un acteur fait une erreur, qui le saura, à part vous ? ».

Mais pour Peterson, justement, cela n’est pas dit. Tout d’abord, la façon dont nous consommons des médias a changé. On peut regarder une série deux, trois quatre fois ou plus ; des inconsistances non repérables au premier abord peuvent alors apparaître. Ensuite, internet constitue une formidable caisse de résonance.

« Si les acteurs parlant Dothraki, Haut Valyrien, Castithan ou autre, font une erreur, qui le saurait à part le créateur ? Qui s’en soucie ? La vérité est probablement qu’une personne sur mille le remarquera, et parmi celles-ci, peut-être un quart s’en préoccupera. Dans les années 1980, cela ne représentait rien. Dans le nouveau millénaire, cependant, un quart des 0,001 % peut constituer une minorité importante sur Twitter. Ou sur Tumblr. Ou Facebook. Ou Reddit. »

Et d’enfoncer le clou :
« L’un des aspects les plus significatifs de notre nouveau monde interconnecté est qu’internet peut amplifier une voix minoritaire de façon exponentielle. Oui, peu de gens, comparativement parlant, se soucieraient si un acteur commet une erreur lors d’une réplique en conlang. Mais grâce à internet, ces quelques personnes se rencontreront, et quand elles le feront, elles seront capables de faire un bruit énorme. »

Qui possède un langage ?

L’histoire des langages artificiels présente une autre problématique qui nous fait penser à l’internet : celui du rôle de la collaboration, de l’oeuvre collective et les problèmes de propriétés intellectuelles qui y sont inévitablement associés. Et ces questions datent, dans ce domaine, déjà d’un bon siècle. Ainsi, avant l’espéranto, il y avait le volapük, créé en 1879 par Johann Schleyer, un prêtre, qui en aurait eu l’idée lors d’une vision divine dans son sommeil. Le volapük connut un grand succès alors que l’espéranto n’en était qu’à ses débuts. Mais tout se gâta lorsque des utilisateurs, commençant à voir des limites à la création originale, demandèrent à Schleyer d’effectuer des modifications, ce qu’il refusa. Les choses empirèrent lorsque l’académie Volapük dénia à Schleyer le droit de refuser les évolutions du langage. Au final, le volapük se divisa en une série de « dialectes » chacun présentant sa propre version des améliorations. Au contraire, le créateur de l’espéranto, Ludwik Lejzer Zamenhof, offrit son langage à la communauté des utilisateurs, qui par consensus évita la dislocation qui a marqué la disparition du volapük.

Retour au XXe siècle avec l’invention du loglan, le « langage logique » sur lequel James Cook Brown travailla dès 1955 (mais il n’en publia le manuel qu’en 1975) dans le but de tester la valeur de l’hypothèse Sapir-Whorf. Lui aussi voulut conserver les droits sur son idiome, ce qui amena les utilisateurs à en créer une version « open source », le lojban.

Le dernier incident est tout récent et concerne l’un des plus fameux conlangs, le klingon. Or la marque Star Trek est détenue par Paramount, qui s’est montrée très soucieuse de faire respecter sa propriété dans tous les aspects liés à cet univers. En 2014, Alec Peters réalisa, après un financement sur Kickstarter, un film « alternatif » de Star Trek, Prelude To Axanar, ce qui entraîna un procès de la part de Paramount, qui accusa les créateurs du film d’atteinte au copyright sur différents domaines, comme les oreilles pointues des vulcains, le logo de la Fédération… et le klingon.

Problème, cela fait des années que le klingon est lu, écrit, parlé par les geeks de la planète entière. En janvier 2017, la cour de justice estima que le langage n’entrait pas dans le cadre du procès, ce qui fait que son statut reste inchangé (et ambigu) pour l’instant.

Dernier point sur lequel la création de conlang me paraît liée à la culture internet, c’est qu’il s’agit au fond d’une application de l’esprit du DIY. Lorsqu’on lit le livre de Peterson sur l’invention des langages, on découvre qu’il s’agit tout simplement d’un manuel de linguistique, mais présenté de façon ludique et amusante. Cela me semble tout à fait le genre de production que pourrait apprécier un « hacker du langage », soucieux d’apprendre le domaine comme le ferait adepte de la DIYbiology pour le vivant, ou un « maker » pour les objets. Traditionnellement la grammaire est un domaine plutôt austère. Vous souvenez-vous des cours à l’école, ou pire, lorsqu’il a fallu vous pencher sur ceux de vos enfants – parce qu’entre votre scolarité et la leur, toute la nomenclature avait changé, évidemment ? La pratique du conlang me paraît un moyen idéal de pénétrer un univers qui jusqu’ici évoquait souvent l’ennui, pour en faire un hobby passionnant.

Il existe donc plusieurs manières d’aborder la création de langues artificielles : le dothraki, le klingon, l’elfique sont des « artlangs » nous dit Peterson, autrement dit des conlangs élaborés à des fins artistiques. Il y a aussi, bien sûr les langues internationales, comme le volapük et l’espéranto…

Mais on peut aussi se livrer à cette activité pour des raisons philosophiques, voire métaphysiques. Et historiquement, cela a été le cas des premiers conlangs…

Avant l’ère moderne, les langues artificielles appartenaient au domaine du sacré : autrement dit, elles étaient révélées lors de visions (ou plus exactement d’auditions). La première du genre est sans doute la Lingua Ignota (« le langage inconnu ») reçue par Hildegard von Bingen, cette prodigieuse abbesse du Moyen-Age, connue pour ses compétences en botanique et ses compositions musicales. Mais sa lingua ignota, nous explique Peterson, reste avant tout un vocabulaire, une liste de mots : elle ne comporte pas de grammaire spécifique ou originale.

Un autre langage « mystique » bien connu des occultistes est le langage angélique ou énochien, reçu par John Dee ou plutôt par son médium, Edward Kelly, à la fin du XVIe siècle. Il s’agit d’un peu plus qu’un glossaire, puisqu’il possède une grammaire et qu’il existe certains textes rédigés en cette langue. Pourtant, pour le le linguiste Donald Laycock, qui étudia le premier cet idiome, il n’a pas la complexité d’un vrai langage et reste très inspiré de l’anglais dans ses structures syntaxiques. A cause de l’énochien, on a attribué à Dee et Kelly la paternité du mystérieux manuscrit Voynich, rédigé en une langue et un alphabet inconnus. Une hypothèse aujourd’hui abandonnée, les théories penchant actuellement pour une origine italienne.

Un autre exemple, beaucoup plus tardif, est celui de Hélène Smith qui sous transe, affirmait s’exprimer en martien. Mais là encore, on a constaté qu’il n’y avait pas d’exotisme grammatical : le « martien » utilise la grammaire du français.

Cette manière de recevoir en transe des mots ou des phrases d’une langue inconnue est classique en histoire des religions, c’est le fameux phénomène de la glossolalie. Les papyrus grecs magiques datant de l’antiquité tardive contiennent un certain nombre de « mots barbares » dont l’origine est inconnue et dont on ignore s’il s’agit de pur charabia, de mots déformés d’une langue existante, ou d’un code.

Les langues « philosophiques »


Mais après la Renaissance on voit apparaître une nouvelle sorte de langages artificiels. Ce sont les « langues philosophiques » qui prétendent refonder notre capacité à exprimer le réel. La plus connue d’entre elles est probablement celle publiée par John Wilkins en 1668 – à noter que Neal Stephenson traite largement du langage philosophique de Wilkins, dans le premier volume de son "cycle baroque" … hélas non traduit.

Wilkins exposa son projet dans un monumental essai de 600 pages, An Essay towards a Real Character, and a Philosophical Language, que les plus courageux pourront télécharger sur archive.org. Comme nous explique Jorge Luis Borges dans l’article qu’il a consacré à Wilkins (disponible ici, mais uniquement en anglais, et publié en français dans le livre Enquêtes) : « Il divisa l’univers en quarante catégories ou genres, ces derniers étant à leur tour subdivisés en différences, elles-mêmes subdivisées en espèces. Il a assigné à chaque genre un monosyllabe de deux lettres ; à chaque différence, une consonne ; à chaque espèce, une voyelle. Par exemple : De, qui signifie un élément ; Deb, le premier des éléments, le feu ; Deba, une partie de l’élément feu, une flamme. »

Dans son livre In the land of invented languages, Arika Okrent nous raconte son expérience avec le système de Wilkins : « La majeure partie des six cents pages de description de la langue de John Wilkins est occupée par une catégorisation hiérarchique de tout ce qui existe dans l’univers. Tout ? Lorsque je me suis assise pour affronter son An Essay towards a Real Character, and a Philosophical Language, j’ai fait ce que n’importe quel spécialiste en linguistique raisonnable et mature doit faire. J’ai essayé de rechercher le mot «merde». »

Opération réussie pour l’intrépide linguiste, qui a découvert que cela peut se dire Cepuhws. Ce signifie le mouvementent, p la purge, uhw, les « parties grossières », et s marque l’opposition (au vomissement, dans ce cas).

Évidemment, tout cela implique non pas une « rationalisation » du langage, mais une bonne dose d’arbitraire. Les catégories sont créées par Wilkins lui-même et reflètent son propre esprit (et celui de son époque). Par exemple, les animaux sont catégorisés par la forme de leur tête. C’est d’ailleurs dans l’article que Borges lui consacre qu’on trouve sa fameuse citation d’une « encyclopédie chinoise » (fictive ?)  proposant la classification suivante des animaux :
« a) appartenant à l’Empereur, b) embaumés, c) apprivoisés, d) cochons de lait, e) sirènes, f) fabuleux, g) chiens en liberté, h) inclus dans la présente classification, i) qui s’agitent comme des fous, j) innombrables, k) dessinés avec un pinceau très fin en poils de chameau, l) et caetera, m) qui viennent de casser la cruche, n) qui de loin semblent à des mouches ».

L’espoir d’une langue universelle relatant exactement la pensée n’est pas mort avec Wilkins. Par bien des côtés, on retrouve cela chez Leibniz. Et de nos jours, une telle ambition peut se retrouver avec des « langages logiques » comme le loglan ou le lojban, mentionnés dans notre article précédent.

Il existe un wiki en français particulièrement complet sur le lojban. Pour s’initier, le plus simple est de se rendre sur l’introduction au lojban proposée sur la page d’accueil. On y apprend ainsi que les verbes sont la base du langage. On crée les noms en rajoutant une préposition à partir du verbe. Par exemple, prami veut dire « aimer », et lo prami signifie « un amoureux ».

De même, les verbes ne se conjuguent pas, tout se règle là encore à coup de prépositions.

On aurait tort, nous disent les aficionados du lojban, de croire que sous prétexte que celui-ci est un langage logique, qu’il s’agirait d’un mode d’expression austère qui rend difficile l’expression d’émotions. Au contraire, le lojban permettrait d’exprimer des subtilités auxquelles nos langues communes n’offrent pas d’accès aisé. Par exemple .iu signifie amour, .ui le bonheur et nai, la négation. .iu.uinai exprime en un seul mot « Je vis un amour malheureux », comme nous l’explique la Wikipédia (bien complète aussi sur le lojban). Attention, .iu et .ui ne sont pas des noms, mais une forme grammaticale typique du lojban, les « indicateurs d’attitudes ».

Et revoilà les extra-terrestres


Reste la question du langage alien, à mi-chemin entre les langages philosophiques et les « artlangs » de la science-fiction.

Une première tentative, datant de 1960, de créer un langage susceptible de permettre la communication avec des extraterrestres via la logique, le lincos, a été présenté dans l’ouvrage de Hans Freudenthal, Lincos : Design of a Language for Cosmic Intercourse, Part 1 (il n’y a jamais eu de partie 2). Bien que le lincos repose sur la logique, comme le loglan, il lui est donc antérieur de quelques années, et surtout son ambition est tout à fait différente. Alors que Brown cherchait à élaborer un test de l’hypothèse Sapir-Whorf, Freudenthal expose lui un système de communication universelle susceptible de mettre en contact des espèces issues de mondes différents. En assumant bien sûr que la logique est un universel !

Dans ce domaine, les « logogrammes » du film Premier contact de Denis Villeneuve sont certainement un cas d’école. Il s’agissait de créer un système d’écriture non linéaire, les extraterrestres du film n’ayant pas la même notion du temps que nous.

Patrice Vermette, le designer du film, a créé à peu près une centaine de ces « logogrammes » en se basant sur une inspiration que lui a suggérée sa femme. Comme nous l’explique Wired : « Un seul logogramme peut exprimer une pensée simple («Salut») ou complexe («Salut Louise, je suis un étranger, mais je viens en paix»). La différence réside dans la complexité de la forme. L’épaisseur d’un logogramme porte également un sens : un trait d’encre plus épais peut indiquer un sentiment d’urgence ; un plus mince suggère un ton plus calme. Un petit crochet attaché à un symbole signifie une question. Le système permet à chaque logogramme d’exprimer un ensemble d’idées sans respecter les règles traditionnelles de syntaxe ou de séquence. »

Mais comment des êtres humains, face à un tel système, pourraient-ils en comprendre la signification ? Contrairement à la plupart des créateurs de conlangs, les concepteurs des logogrammes devaient imaginer deux systèmes : le langage et le moyen de le décrypter. Pour imaginer de façon réaliste comment les héros du film pourraient procéder à un tel décodage
les concepteurs du langage se tournèrent vers Stephen Wolfram. Le créateur de Mathematica n’avait pas assez de temps à consacrer au sujet, mais son fils Christopher se montra désireux de travailler sur les logogrammes. Une partie du pseudo-code qu’il a réalisé se retrouve dans le film, et une longue vidéo (2h en anglais) explique comment il s’y est pris… 

 

Aujourd’hui, la mode n’est plus trop à la création de « langages philosophiques », et ce sont les « artlangs » qui occupent désormais le devant de la scène conlang. Après tout, c’est compréhensible : le lojban n’a pas apporté de réponse à la question de l’hypothèse Sapir-Whorf et les ambitions « messianiques » d’un système comme celui de Wilkins ont très vite montré leurs limites. Pourtant même lorsqu’on crée un « artlang » sans autre but que l’amusement ou la fiction, on se lance déjà dans une entreprise philosophique. Comment représenter le monde d’une manière différente de celles imposées par nos habitudes mentales ? Les catégories que j’utilise pour décrire le monde sont-elles les seules correctes ? Inventer un conlang ne changera pas le monde, c’est sûr. Mais il peut permettre, modestement, d’ouvrir un peu plus l’éventail des possibilités, aider à penser « hors de la boite »…

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